Tĩnh Thất


Thơ: Thiền Sư Tuệ Sỹ

Pháp văn: GS Lê Mộng Nguyên dịch

Anh văn: GS Lương Dinh dịch

Nhật bản: Kỹ Sư Trần Thị Diễm Nghi dịch

Nhạc: Trần Quan Long,
Hòa Âm: Nguyên Đương

Tiếng Hát: Sơn Nam, Ngọc Nga, Kim Ngân

Thu Âm: Quốc Toản
Tiếng Hát: Kim Tước, Mai Hương và Quỳnh Giao

Lê Mộng Nguyên:
Tri-thức và hành-động trong thơ Tĩnh Thất
của Thiền-sư Tuệ-Sỹ

Vài Cảm Nghĩ Của Dịch Giả Lương Dinh
về "Tĩnh Thất"
(“Giấc Mơ Trường Sơn” Của Thiền Sư Tuệ Sỹ)

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Trang Nhà


Tác Phẩm Mới

Voyage dans mon univers tranquille
2000 - 2001
Poème vietnamien de Thiền Sư Tuệ Sỹ

1.
Donne-moi un grain de sel et de poivre
Car la lumière du soir
a fané les commissures de tes lèvres
Je vais réparer les erreurs de ma patrie
alors que tombe le démon rouge sur la falaise
et que la brume enveloppe la ville entière...

Oct. 20

2.
Est-ce bien le cheval qui s’approche à petits pas rapides ?
Ou part-il au galop là-bas, au lointain ?
De la mousse bleue étant encore en stagnation
sur le bord de tes cils bleu ciel.

3.
Mille ans avant j’escaladai la montagne
Mille ans après j’en descends pour secourir les gens.
Je t’ai attendue en vain néanmoins,
La pupille de mes yeux te cherchant,
Et les empreintes de tes pieds,
Où sont-elles maintenant ?

4.
Je ne suis pas triste,
qui peut être plus triste que moi ?
Tu ne pars pas,
ton pays n’ayant jamais l’intention de te quitter !
Les fragiles rayons de lumière
éclairent en élimant l’encadrement de ta porte
pour laisser les chagrins blanchir mes sourcils.
Je monte sur la rive,
le soleil illuminant les eaux qui clapotent doucement.
Où est le vent qui accompagne mon pays
dans son chuchotement ?
Voilà l’ombre inclinée de l’herbe
qui cache les grains de sable
et les nuages rouge pâle du soir arrivés,
qui peut voir la tombe couverte de rosée ?

5.
Voyant la boîte de lait immobile au marché,
vers sa proie s’élance le chien égaré
au rythme de la pluie tombante.
J’erre à la recherche
de la tige de l’herbe,
le chien me regardant,
indifféremment.

6.
Le navire voguant vers le large,
combien d’étages de confidences abrite-t-il vraiment ?
Le soleil scintillant,
dans l’ombre de l’eau dormante
qui jaillit sur la falaise au loin.

7.
En fin d’automne, il fait bien froid
Le chien s’amuse avec le soleil sur la véranda
Soudain la lumière s’éteint,
la tristesse nous envahit et nous étreint.

8.
Dans la ruelle, le marchand ambulant annonce
en criant ce qu’il achète :
Compteur électrique !
Disjoncteur !
Interrupteur !
Ses cris surviennent et repartent comme le vent.
Dans cent ans,
que restera-t-il
de la pluie et du beau temps ?
Qui ramassera la branche de fougère
au bout de la véranda naguère ?

9.
Je m’attarde aux vains regrets du passé
comme les étoiles rêvent de dormir
Dans la nuit immense en se trompant de chemin
pour une vie éphémère.
Les lampadaires des rues éclairant
impassiblement les fenêtres fermées.
Passé le lendemain,
je redessinerai l’aube de l’humanité.

10.
Je laisse dans un coin de mon cœur une mangue
pour en mâcher une partie
quand la vague de tristesse m’envahit
en me posant la question :
où sont mes amis d’antan ?
Il ne reste que moi en ce bas monde.
Vous me faites mon portrait, en en oubliant la moitié
Moitié dans une auberge, moitié à la dérive
Moitié dans le Ciel, pour une réunion de fées,
Moitié dans la nuit blanche, en enfer !

11.
Silencieusement mon corps repose au fond de la tombe
Pas de lune, ni d’étoiles mais un rêve vagabond
Pourquoi l’homme meurt-il, mais non l’amour ?
De plusieurs vies j’ai beau faire le tour,
mes lèvres sont aussi sèches.

12.
Un deux trois
Tant de jours dans l’oubli ;
Je plonge ma tête dans la couche épaisse de fumée,
Fumée et poussière
S’entremêlent en idées ;
Mais la poussière de rue en vagabondage
s’envole vers l’autre monde sans rivage.

13.
Laissant les vaches aux yeux passionnément amoureux,
Je monte au Ciel, sacré Prince consort du Néant
Regardant la Terre en bas, couverte de fumées polluantes ;
L’humanité se désole de voir si peu de lumière
du soleil levant.

14.
Au sein du Paradis je me promène en vagabondage,
l’éternité semblant légèrement assombrie
par la mousse et les algues sauvages.
Je descends sur terre
en remuant le monde de poussière
pour le transformer en tsunami,
et brûler le soleil solitaire, à l’infini.

15.
Le buffle blanc a l’air hébété dans un coin de ville,
en broutant toujours une partie de la triste lune,
par nostalgie du pays.
Des moineaux sur le toit en brique
saisis par le froid,
baissent et lèvent la tête plusieurs fois ;
La rosée du soir tombant, est-on encore plus glacial ?
Une bande de serpents guettent leur proie
dans le petit passage étroit
Sans la poussière des rues, où peuvent-ils se cacher
dans cet endroit abandonné ?

16.
J’arrache un brin d’herbe
Pour mesurer l’ombre du temps
Qui dure infiniment.

17.
Donnez-moi un peu de tristesse seulement
Pour que le vent se lève sur la colline environnante
en répandant la pluie.
Le vent souffle à travers l’impasse diffuse ;
La pluie tombe çà et là sur les touffes d’herbe et de roseau.
Le soleil de midi brillant sur la cité ancienne de couleur fanée,
Je marche à travers mon rêve
tout en haut de la colline en tressautant.

18.
Le vieillard dans un endroit retiré de la ville
Qui se tortille sous la pluie torrentielle,
Une jeune fille vêtue de tunique de soie décorée de rosacées...
La vie étant éphémère,
Qui passe comme le cours de la rivière.

19.
Vous partez en laissant vide une partie de la forêt
où le ruisseau veille en permanence
sur l’Étoile du Matin,
et votre ombre écraser palais et châteaux

20.
Ô ma tristesse
Dans le monde légendaire de l’immortalité
Ô ma nostalgie de la métempsycose
Dans laquelle sable et poussière rendent tes yeux rouges ?

21.
Le bourdonnement de moustiques
Réveille l’homme en sursaut
Dehors, dans le lointain là-haut
Qui est en train de marcher ?
Le cours d’eau en crue monte
Le petit enfant meurt noyé
Assis sur la rive,
Je caresse la pointe de l’herbe rêvée.

22.
Vous avez du ressentiment envers moi
Et m’avez quitté dans la voie lactée
Où vous voyagiez en rêve
En laissant l’ombre du cygne vagabonder.
Mille ans après,
Au cœur de la terre profonde
ardemment arrosée de pluie abondante
Les gouttes de sang
changent de couleur.

23.
Dans le désert
Les bans de sable sont en flamme
La lune se trouvant assombrie
Désert
Bans de sable
Lune assombrie
Les herbes et les arbres rêvent
De restaurer le patrimoine national

24.
Où allez-vous, voyageur usé par le temps ?
Un aller et retour sur le même chemin
Tout en laissant vos empreintes
de plus en plus floues
La voie de l’histoire
De quatre mille ans dans la tourmente
Vous laisse partir dans votre errance
Sans esprit de retour.

25.
Le vent fort fait éclater la bulle d’air
La nuée de brouillard couvre bien la campagne
La cité n’a pas sommeil
La fumée de nuage tapote la rive du néant

26.
La bande de cigognes debout sur un terrain raboteux
ne pouvant dormir, attendent impatiemment
en scrutant l’horizon des yeux ténébreux
L’horizon s’écroule sous des milliers d’arbres
aux feuilles tombantes généreuses
Le portail de la réincarnation s’ouvre largement à l’aurore.

27.
J’attends que la pluie ait cessé pour entrer dans la forêt
Afin d’écouter avec émotion la fumée froide se réchauffer
Et les touffes de roseaux balayer le soleil qui pénètre dans tes cheveux ;
Illusion extraordinaire,
qui nous apparaît en l’espace d’un instant ?

1er Jour de l’An Tân Tỵ

28.
Voilà du soleil sur la véranda de la pagode
La lune à peine apparue s’égoutte de sang,
la saison de deuil étant révolue.
Votre toge, Maître, blanchit
en raison de tant de poussières de vie,
la fumée de mousse décolorant le mur des Prières.

29.
Vous n’êtes pas heureux, je m’en vais labourer au champ,
Semer le vent de printemps
en attendant les pluies d’été.
Et d’écouter les batraciens appelant à se ruer
vers le petit ruisseau,
Je ne sais pas si un jour le marché de la cité
pourra arrêter l’eau débordant la digue.

1er jour de l’An lunaire

30.
Au cours de ma nuit blanche
et en volant l’ombre fantomatique,
pour exprimer des sentiments intimes pour l’hôte voyageur
des bougies se transforment en fleurs,
le prunier bourgeonne, ses feuilles apparaissant,
le printemps étant attendu.
Et le printemps passé,
la lumière électrique devenant éthérée.

31.
Ô l’homme qui coupe l’herbe au bord du fleuve,
L’eau tourbillonnante au large
ne vous inquiète-t-elle pas ?
Destin de saule pleureur pour un temps délicat
aux feuilles tremblantes chargées d’eau, à chaque angle ;
Le parfum forestier rend floue
la couverture de l’air existant.

32.
Ô fumée, vole encore plus bas
Pour que je puisse retenir par la main
un peu de ma jeunesse
Je marche dans le monde supraterrestre
en pensant à mon petit arbre flétri
qui perd ses fleurs maintes fois depuis.

Traduit en français par Lê Mộng Nguyên
Membre de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer
(Paris, 27 janvier 2006)

© 2006 Tran Quan Long